Oyé Oyé Oh yeeeah braves internautes, aujourd'hui je ne vous présente pas un roman d'horreur ni un éloge au zombie mais un article sur la psychologie de celui-ci. Donc ceux qui veulent savoir pourquoi ils mordent, si on peut les poursuivre en justice ou si on peut les soigner, ça se passe ici.
Un article qui se trouve dans le numéro 7 du magazine WDMO de juillet 2014. En vente tous les 3 mois, c'est un inconditionnel de la culture zombie. Si ça vous intéresse foncez l'acheter (presse ou internet : http://www.editions-delcourt.fr/walkingdead/albums.php), vous y trouverez des articles sur : les acteurs, réalisateurs, producteurs, des infos sur les comics, des dérivés, des jeux, des interviews etc. Pour m'aider à continuer, n'oubliez pas commenter en page d'accueil ou à [email protected] ! Merci d'avance.
"CHARGE VIRALE
Dans l'épisode "Sujet-test 19" de la saison 1 de The Walking Dead, le Dr Jenner révèle qu'il en sait très peu sur l'infection zombie. Même si on ne s'attend pas à d'énormes révélations sur le sujet, on peut néanmoins déduire pas mal de choses en prenant appui sur la médecine et sur la science. En gros, l'ordre du monde peut-il être rétabli?
Nous savons que les survivants sont tous porteurs de l'infection et qu'ils reviennent après leur mort (du moins tant que le cerveau n'est pas touché). Ce qui les affecte semble être le croisement d'un virus et d'un prion. Les prions sont des protéines infectieuses mal pliées qui contaminent les protéines saines du système nerveux, pour les transformer en prions (c'est le cas de la maladie de la vache folle). Les prions, comme les virus, peuvent rester en incubation après l'infection, pour entrer ensuite en activité. Prenons le cas de l'herpès - ceux qui ont été touchés par la varicelle conservent le virus dans leur système nerveux, qui peut ensuite revenir sous la forme d'un zona.
Quelle serait la cause de l'infection zombie? Le dénominateur commun est la mort, ou tout phénomène lié à la mort - manque d'oxygène, hausse de dioxyde de carbone, développement d'acide lactique ou refroidissement corporel.
Dans la saison 4 de The Walking Dead, certains survivants développent une surinfection (en plus de l'infection zombie) à cause d'un agent pathogène mutant qui, avant de tuer des humains, tue les cochons qu'ils élèvent - ils meurent de fièvre et d'hémorragies oculaires (ça ne vous fait pas penser au virus Ebola, ça?).
Dans l'univers de The Walking Dead, l'infection zombie ne tue pas directement. Ce sont les morsures, qui causent des hémorragies sévères, ou bien une maladie fulgurante, peut-être portée par l'un des multiples insectes qui grouillent dans la bouche des zombies, qui vous tuent. Le Dr Jenner obtiendrait sans doute plus de résultats s'il soignait les morsures des zombies, plutôt que de vouloir soigner l'infection elle-même.
MESURES DE PROTECTION
Si l'infection zombie est la conséquence d'un prion, ce n'est vraiment pas de chance; à l'heure actuelle, il n'existe pas de traitement pour ce genre de maladie. Si c'est un virus, par contre, il y a encore un peu d'espoir.
Un traitement antiviral à base d'analogues nucléosidiques (ou "faux" ADN) pourrait inciter le virus à intégrer ces derniers à son propre génome, ayant pour conséquence d'arrêter sa duplication et de la mettre en veille. Si le virus s'appuie sur nos propres enzymes pour devenir pathogène, on peut également faire usage d'inhibiteurs d'enzymes. Les thérapies pour le VIH utilisent cette technique.
Les interférons, des protéines, peuvent également déclencher le système immunitaire pour tuer le virus. Il est aussi possible de modifier génétiquement le virus pour que notre corps puisse le combattre. Certains vaccins sont ainsi composés de virus affaiblis - on souhaite juste bonne chance au cobaye!
MORT OU VIF
Les médecins déterminent les causes d'un décès à partir de normes médico-légales. Aux Etats-Unis, The Uniform Determination of Death Act (UDDA) est un projet de loi destiné à définir la mort. D'après l'UDDA, "un individu qui subit soit la cessation irréversible de sa fonction circulatoire (cardiaque et veineuse) et de sa fonction respiratoire, soit la cessation irréversible de toutes ses fonctions cérébrales, y compris le système nerveux central, est considéré comme mort". Donc, d'après l'UDDA, peut-on dire qu'un zombie est mort?
Si j'avais un cerveau...
Dans "Sujet-test 19", nous apprenons qu'avant de se transformer en rôdeur, une personne infectée voit son activité cérébrale cesser. Puis, l'infection réactive le système nerveux central. En temps normal, cette partie du cerveau régit la circulation sanguine et la fonction respiratoire, mais ça se passe un peu différemment pour les marcheurs...
...ou un cœur
En théorie, la réactivation du système nerveux central chez les zombies devrait envoyer des signaux au cœur et au diaphragme. Cependant, il semblerait que ce ne soit pas le cas pour ces créatures; les poignarder dans la poitrines ne sert ainsi à rien, vu que le cœur n'est plus d'aucune utilité.
Respirent-ils?
Tout dépend de votre façon de définir la respiration. Pour sentir leur proie et pour grogner, les zombies déplacent de l'air, sans pour autant respirer (échange d'oxygène et de dioxyde de carbone dans le sang). Comme pour le cœur, le nerf vague devrait activer le diaphragme, ce muscle qui permet à nos poumons de se dilater et de se contracter. Au-delà de ce réflexe, les rôdeurs n'ont aucun besoin de respirer. La preuve, les têtes de rôdeurs du Gouverneur, conservées dans des aquariums, continuent de claquer des mâchoires quand elles sont immergées. Après sa noyade dans le lac, Pete Dolgen revient en zombie ("Poids mort", saison 4) et tente de mordre le Gouverneur. De plus, le fait d'endommager la moelle épinière ou les poumons d'un rôdeur ne l'empêche pas de revenir.
Verdict
Selon l'UDDA, les marcheurs sont morts. Mais cela suppose qu'il y a une fonction aérobie, c'est-à-dire le besoin d'oxygène pour vivre. En l’occurrence, les zombies n'ont pas besoin de respirer pour "vivre". L'infection zombie convertirait donc les humains en organismes anaérobies - le métabolisme fonctionne sans besoin d'oxygène.
Peut-on donc considérer les zombies comme des êtres vivants? Si c'est le cas, qu'est-ce que cela impliquerait?
LA LOI ET LE DÉSORDRE
Mettons que le monde revienne à la normale. Si les zombies sont vivants, ils peuvent donc être tenus pénalement responsables de leurs actions. Ils devraient alors être inculpés, notamment de meurtre. En vertu de la loi, ils auraient droit à un procès.
Quelle pourrait être la stratégie de défense d'un zombie?
L'avocat d'un zombie aurait le cerveau détraqué si jamais il plaidait "non coupable". Difficile de nier en effet qu'il n'a pas mâchouillé le bras de sa victime, alors qu'il est encore en train de ronger un os sanguinolent. Pris la main dans le sac en quelque sorte! quoi qu'il en soit, un bon avocat plaiderait que le cannibalisme n'est pas un crime, dans la mesure où il n'y a pas d'acte de culpabilité. En effet, il faudrait pour cela que le comportement en question soit volontaire. Or, les actes d'un zombie le sont-ils?
C'est qui le patron?
Le Dr Jenner explique que seul le système nerveux central participe au réveil des rôdeurs. Avec des lobes frontaux hors-service - qui dirigent les fonctions de planification, de raisonnement, de résolution des problèmes et de contrôle des impulsions, les marcheurs sont incapables de réfréner leur envie de mordre. Au final, ils ont autant de contrôle de leurs actes que quelqu'un qui commet un crime alors qu'il est somnambule, qu'il convulse ou qu'il est sous hypnose.
Boule de nerfs?
Les zombies ne sont peut-être qu'un amas de nerfs infectés. Ils ont des mouvements réflexes qui contournent l'usage habituel du cerveau humain.
Certes... Mais la partie adverse pourrait répliquer que les rôdeurs contrôlent leurs mouvements. Le lobe latéral et le lobe frontal des zombies ne fonctionnent pas correctement, ce qui explique sans doute leur incapacité à se concentrer au-delà de stimulus tel qu'un homme en train de courir. Ils ne peuvent se concentrer que sur la vision et le bruit des humains. Ils font la différence entre humains et zombies grâce à l'odeur (le meilleur camouflage est donc la chair en décomposition, comme dans l'épisode "Tripes" de la saison 1). Afin de nous sentir, ils utilisent leur lobe frontal pour traiter l'information, transmise par le thalamus (qui achemine les afférences sensitives et sensorielles). Par contre, ils ont clairement un problème au niveau du cervelet et des noyaux gris centraux (qui gèrent la motricité et la coordination), la recherche de nourriture semble être leur seule motivation pour se mettre en marche.
Au-delà du système nerveux central
L'existence des zombies va bien au-delà de cette histoire de tronc cérébral. Si c'est le cas, alors les actes des rôdeurs viendraient contredire l'absence d'acte de culpabilité comme stratégie de défense. Pour être pénalement responsables, les zombies doivent avoir une "intention coupable". Alors, responsables ou non?
Plaidons la folie! Pour être qualifié de fou au regard de la loi, un accusé doit être incapable de reconnaître le bien du mal lors de l'acte qu'il a commis, à cause d'un trouble d'ordre mental. L'argument "non coupable pour cause d'aliénation mentale" est-il tenable pour un rôdeur?
Tout d'abord, de quel trouble psychique pourrait bien souffrir un zombie? Le diagnostique de "trouble neurocognitif lié à une infection zombie, induisant des troubles du comportement", semble acceptable.
Mais concentrons-nous sur la question de la culpabilité : un rôdeur peut-il avoir conscience que ce qu'il fait est mal?
Mangez-moi!
Les zombies attaquent tout humain qui se trouve sur leur chemin, en le mordant, en le griffant ou en lui arrachant des parties du corps. L'amygdale (une partie primitive de notre cerveau) est associée à l'agressivité; un amygdale hyperactive serait donc responsable de l'extrême violence des zombies. De plus, certaines parties du cerveau, qui freinent l'activité de l'amygdale (le cortex cingulaire antérieur et les lobes frontaux), ont l'air d'être défectueuses. De fait, un zombie de sait pas que mordre un humain est mal, pas plus que ne le sait un chat qui mange une souris. Cependant, les rôdeurs continuent de s'acharner sur leur victime même après leur mort. Est-ce de la satisfaction consciente, que l'on retrouve également chez les serial-killers? Pas nécessairement. Cela ressemble plus à un comportement purement primitif lié à une faim dévorante. Des dégâts cérébraux, dans le noyau ventromédial de l'hypothalamus et au niveau du lobe temporal droit, donnent cette impression de ne jamais être rassasié. Sans compter qu'un dysfonctionnement du lobe frontal peut déclencher un réflexe de base, comme celui de la mastication par une simple bouchée de chair humaine mise dans la bouche. Par contre, pourquoi, lorsque Michonne retire la mâchoire de ses zombies de compagnie, cela supprime-t-il leur agressivité et leur appétit? Le mystère reste entier.
Séparez le bon de l'ivraie
Dans l'épisode "Quand les morts approchent" de la saison 3, Milton se livre à des expériences sur Michael Coleman, un vieil homme en train de mourir d'un cancer de la prostate. Avant de rendre son dernier souffle, M. Coleman agit de manière rationnelle, en répondant aux questions de Milton.
Peu après son décès, M. Coleman se transforme en animal sauvage, qui essaie de mordre Milton avant qu'Andrea n'intervienne pour l'achever. Le rôdeur perd toute humanité quand il passe à l'attaque; aucun remords, ni indice qu'il fait la différence entre le bien et le mal.
En outre, il n'y a aucune preuve que les zombies essaient de dissimuler leur vraie nature ou de prendre la fuite - choses que font pourtant les gens quand ils savent qu'ils sont coupables.
LA MEILLEURES DEFENSE
Tout amène à croire que les rôdeurs n'ont aucune conscience de leurs actes et, par conséquent, du fait qu'ils font le mal.
Mais répondre à des critères juridiques et plaider la folie sont deux choses différentes. En réalité, 1% des criminels plaident la folie passagère, et seul un quart d'entre eux est reconnu comme tel. La raison pour laquelle il est compliqué de plaider la folie passagère est la perception erronée qu'en ont les accusés - elle serait un argument facile pour s'en tirer à "bon compte", au lieu hospitalisé jusqu'à ce qu'on ne soit plus un danger pour les autres.
Dans le monde post-apocalyptique de The Walking Dead, des jurés mal informés pourraient être particulièrement gênés par des zombies "rôdant en liberté". Peut-on les blâmer pour cela?
N'allons pas trop vite en besogne. Avant toute plaidoirie, il faudrait déjà que les rôdeurs puissent se tenir tranquilles le temps d'un procès. Et ils seraient sans doute incapables de comprendre les procédures engagées contre eux et de participer à leur propre défense, notamment s'ils essaient de croquer leurs propres avocats et soutiens.
De fait, les zombies seraient sans aucun doute inaptes à être jugés, à moins qu'ils ne retrouvent leurs compétences psychiques. Sans traitement médical (on vous attend au tournant M. Kirkman!), ça risque de prendre très, très longtemps."
Un article qui se trouve dans le numéro 7 du magazine WDMO de juillet 2014. En vente tous les 3 mois, c'est un inconditionnel de la culture zombie. Si ça vous intéresse foncez l'acheter (presse ou internet : http://www.editions-delcourt.fr/walkingdead/albums.php), vous y trouverez des articles sur : les acteurs, réalisateurs, producteurs, des infos sur les comics, des dérivés, des jeux, des interviews etc. Pour m'aider à continuer, n'oubliez pas commenter en page d'accueil ou à [email protected] ! Merci d'avance.
"CHARGE VIRALE
Dans l'épisode "Sujet-test 19" de la saison 1 de The Walking Dead, le Dr Jenner révèle qu'il en sait très peu sur l'infection zombie. Même si on ne s'attend pas à d'énormes révélations sur le sujet, on peut néanmoins déduire pas mal de choses en prenant appui sur la médecine et sur la science. En gros, l'ordre du monde peut-il être rétabli?
Nous savons que les survivants sont tous porteurs de l'infection et qu'ils reviennent après leur mort (du moins tant que le cerveau n'est pas touché). Ce qui les affecte semble être le croisement d'un virus et d'un prion. Les prions sont des protéines infectieuses mal pliées qui contaminent les protéines saines du système nerveux, pour les transformer en prions (c'est le cas de la maladie de la vache folle). Les prions, comme les virus, peuvent rester en incubation après l'infection, pour entrer ensuite en activité. Prenons le cas de l'herpès - ceux qui ont été touchés par la varicelle conservent le virus dans leur système nerveux, qui peut ensuite revenir sous la forme d'un zona.
Quelle serait la cause de l'infection zombie? Le dénominateur commun est la mort, ou tout phénomène lié à la mort - manque d'oxygène, hausse de dioxyde de carbone, développement d'acide lactique ou refroidissement corporel.
Dans la saison 4 de The Walking Dead, certains survivants développent une surinfection (en plus de l'infection zombie) à cause d'un agent pathogène mutant qui, avant de tuer des humains, tue les cochons qu'ils élèvent - ils meurent de fièvre et d'hémorragies oculaires (ça ne vous fait pas penser au virus Ebola, ça?).
Dans l'univers de The Walking Dead, l'infection zombie ne tue pas directement. Ce sont les morsures, qui causent des hémorragies sévères, ou bien une maladie fulgurante, peut-être portée par l'un des multiples insectes qui grouillent dans la bouche des zombies, qui vous tuent. Le Dr Jenner obtiendrait sans doute plus de résultats s'il soignait les morsures des zombies, plutôt que de vouloir soigner l'infection elle-même.
MESURES DE PROTECTION
Si l'infection zombie est la conséquence d'un prion, ce n'est vraiment pas de chance; à l'heure actuelle, il n'existe pas de traitement pour ce genre de maladie. Si c'est un virus, par contre, il y a encore un peu d'espoir.
Un traitement antiviral à base d'analogues nucléosidiques (ou "faux" ADN) pourrait inciter le virus à intégrer ces derniers à son propre génome, ayant pour conséquence d'arrêter sa duplication et de la mettre en veille. Si le virus s'appuie sur nos propres enzymes pour devenir pathogène, on peut également faire usage d'inhibiteurs d'enzymes. Les thérapies pour le VIH utilisent cette technique.
Les interférons, des protéines, peuvent également déclencher le système immunitaire pour tuer le virus. Il est aussi possible de modifier génétiquement le virus pour que notre corps puisse le combattre. Certains vaccins sont ainsi composés de virus affaiblis - on souhaite juste bonne chance au cobaye!
MORT OU VIF
Les médecins déterminent les causes d'un décès à partir de normes médico-légales. Aux Etats-Unis, The Uniform Determination of Death Act (UDDA) est un projet de loi destiné à définir la mort. D'après l'UDDA, "un individu qui subit soit la cessation irréversible de sa fonction circulatoire (cardiaque et veineuse) et de sa fonction respiratoire, soit la cessation irréversible de toutes ses fonctions cérébrales, y compris le système nerveux central, est considéré comme mort". Donc, d'après l'UDDA, peut-on dire qu'un zombie est mort?
Si j'avais un cerveau...
Dans "Sujet-test 19", nous apprenons qu'avant de se transformer en rôdeur, une personne infectée voit son activité cérébrale cesser. Puis, l'infection réactive le système nerveux central. En temps normal, cette partie du cerveau régit la circulation sanguine et la fonction respiratoire, mais ça se passe un peu différemment pour les marcheurs...
...ou un cœur
En théorie, la réactivation du système nerveux central chez les zombies devrait envoyer des signaux au cœur et au diaphragme. Cependant, il semblerait que ce ne soit pas le cas pour ces créatures; les poignarder dans la poitrines ne sert ainsi à rien, vu que le cœur n'est plus d'aucune utilité.
Respirent-ils?
Tout dépend de votre façon de définir la respiration. Pour sentir leur proie et pour grogner, les zombies déplacent de l'air, sans pour autant respirer (échange d'oxygène et de dioxyde de carbone dans le sang). Comme pour le cœur, le nerf vague devrait activer le diaphragme, ce muscle qui permet à nos poumons de se dilater et de se contracter. Au-delà de ce réflexe, les rôdeurs n'ont aucun besoin de respirer. La preuve, les têtes de rôdeurs du Gouverneur, conservées dans des aquariums, continuent de claquer des mâchoires quand elles sont immergées. Après sa noyade dans le lac, Pete Dolgen revient en zombie ("Poids mort", saison 4) et tente de mordre le Gouverneur. De plus, le fait d'endommager la moelle épinière ou les poumons d'un rôdeur ne l'empêche pas de revenir.
Verdict
Selon l'UDDA, les marcheurs sont morts. Mais cela suppose qu'il y a une fonction aérobie, c'est-à-dire le besoin d'oxygène pour vivre. En l’occurrence, les zombies n'ont pas besoin de respirer pour "vivre". L'infection zombie convertirait donc les humains en organismes anaérobies - le métabolisme fonctionne sans besoin d'oxygène.
Peut-on donc considérer les zombies comme des êtres vivants? Si c'est le cas, qu'est-ce que cela impliquerait?
LA LOI ET LE DÉSORDRE
Mettons que le monde revienne à la normale. Si les zombies sont vivants, ils peuvent donc être tenus pénalement responsables de leurs actions. Ils devraient alors être inculpés, notamment de meurtre. En vertu de la loi, ils auraient droit à un procès.
Quelle pourrait être la stratégie de défense d'un zombie?
L'avocat d'un zombie aurait le cerveau détraqué si jamais il plaidait "non coupable". Difficile de nier en effet qu'il n'a pas mâchouillé le bras de sa victime, alors qu'il est encore en train de ronger un os sanguinolent. Pris la main dans le sac en quelque sorte! quoi qu'il en soit, un bon avocat plaiderait que le cannibalisme n'est pas un crime, dans la mesure où il n'y a pas d'acte de culpabilité. En effet, il faudrait pour cela que le comportement en question soit volontaire. Or, les actes d'un zombie le sont-ils?
C'est qui le patron?
Le Dr Jenner explique que seul le système nerveux central participe au réveil des rôdeurs. Avec des lobes frontaux hors-service - qui dirigent les fonctions de planification, de raisonnement, de résolution des problèmes et de contrôle des impulsions, les marcheurs sont incapables de réfréner leur envie de mordre. Au final, ils ont autant de contrôle de leurs actes que quelqu'un qui commet un crime alors qu'il est somnambule, qu'il convulse ou qu'il est sous hypnose.
Boule de nerfs?
Les zombies ne sont peut-être qu'un amas de nerfs infectés. Ils ont des mouvements réflexes qui contournent l'usage habituel du cerveau humain.
Certes... Mais la partie adverse pourrait répliquer que les rôdeurs contrôlent leurs mouvements. Le lobe latéral et le lobe frontal des zombies ne fonctionnent pas correctement, ce qui explique sans doute leur incapacité à se concentrer au-delà de stimulus tel qu'un homme en train de courir. Ils ne peuvent se concentrer que sur la vision et le bruit des humains. Ils font la différence entre humains et zombies grâce à l'odeur (le meilleur camouflage est donc la chair en décomposition, comme dans l'épisode "Tripes" de la saison 1). Afin de nous sentir, ils utilisent leur lobe frontal pour traiter l'information, transmise par le thalamus (qui achemine les afférences sensitives et sensorielles). Par contre, ils ont clairement un problème au niveau du cervelet et des noyaux gris centraux (qui gèrent la motricité et la coordination), la recherche de nourriture semble être leur seule motivation pour se mettre en marche.
Au-delà du système nerveux central
L'existence des zombies va bien au-delà de cette histoire de tronc cérébral. Si c'est le cas, alors les actes des rôdeurs viendraient contredire l'absence d'acte de culpabilité comme stratégie de défense. Pour être pénalement responsables, les zombies doivent avoir une "intention coupable". Alors, responsables ou non?
Plaidons la folie! Pour être qualifié de fou au regard de la loi, un accusé doit être incapable de reconnaître le bien du mal lors de l'acte qu'il a commis, à cause d'un trouble d'ordre mental. L'argument "non coupable pour cause d'aliénation mentale" est-il tenable pour un rôdeur?
Tout d'abord, de quel trouble psychique pourrait bien souffrir un zombie? Le diagnostique de "trouble neurocognitif lié à une infection zombie, induisant des troubles du comportement", semble acceptable.
Mais concentrons-nous sur la question de la culpabilité : un rôdeur peut-il avoir conscience que ce qu'il fait est mal?
Mangez-moi!
Les zombies attaquent tout humain qui se trouve sur leur chemin, en le mordant, en le griffant ou en lui arrachant des parties du corps. L'amygdale (une partie primitive de notre cerveau) est associée à l'agressivité; un amygdale hyperactive serait donc responsable de l'extrême violence des zombies. De plus, certaines parties du cerveau, qui freinent l'activité de l'amygdale (le cortex cingulaire antérieur et les lobes frontaux), ont l'air d'être défectueuses. De fait, un zombie de sait pas que mordre un humain est mal, pas plus que ne le sait un chat qui mange une souris. Cependant, les rôdeurs continuent de s'acharner sur leur victime même après leur mort. Est-ce de la satisfaction consciente, que l'on retrouve également chez les serial-killers? Pas nécessairement. Cela ressemble plus à un comportement purement primitif lié à une faim dévorante. Des dégâts cérébraux, dans le noyau ventromédial de l'hypothalamus et au niveau du lobe temporal droit, donnent cette impression de ne jamais être rassasié. Sans compter qu'un dysfonctionnement du lobe frontal peut déclencher un réflexe de base, comme celui de la mastication par une simple bouchée de chair humaine mise dans la bouche. Par contre, pourquoi, lorsque Michonne retire la mâchoire de ses zombies de compagnie, cela supprime-t-il leur agressivité et leur appétit? Le mystère reste entier.
Séparez le bon de l'ivraie
Dans l'épisode "Quand les morts approchent" de la saison 3, Milton se livre à des expériences sur Michael Coleman, un vieil homme en train de mourir d'un cancer de la prostate. Avant de rendre son dernier souffle, M. Coleman agit de manière rationnelle, en répondant aux questions de Milton.
Peu après son décès, M. Coleman se transforme en animal sauvage, qui essaie de mordre Milton avant qu'Andrea n'intervienne pour l'achever. Le rôdeur perd toute humanité quand il passe à l'attaque; aucun remords, ni indice qu'il fait la différence entre le bien et le mal.
En outre, il n'y a aucune preuve que les zombies essaient de dissimuler leur vraie nature ou de prendre la fuite - choses que font pourtant les gens quand ils savent qu'ils sont coupables.
LA MEILLEURES DEFENSE
Tout amène à croire que les rôdeurs n'ont aucune conscience de leurs actes et, par conséquent, du fait qu'ils font le mal.
Mais répondre à des critères juridiques et plaider la folie sont deux choses différentes. En réalité, 1% des criminels plaident la folie passagère, et seul un quart d'entre eux est reconnu comme tel. La raison pour laquelle il est compliqué de plaider la folie passagère est la perception erronée qu'en ont les accusés - elle serait un argument facile pour s'en tirer à "bon compte", au lieu hospitalisé jusqu'à ce qu'on ne soit plus un danger pour les autres.
Dans le monde post-apocalyptique de The Walking Dead, des jurés mal informés pourraient être particulièrement gênés par des zombies "rôdant en liberté". Peut-on les blâmer pour cela?
N'allons pas trop vite en besogne. Avant toute plaidoirie, il faudrait déjà que les rôdeurs puissent se tenir tranquilles le temps d'un procès. Et ils seraient sans doute incapables de comprendre les procédures engagées contre eux et de participer à leur propre défense, notamment s'ils essaient de croquer leurs propres avocats et soutiens.
De fait, les zombies seraient sans aucun doute inaptes à être jugés, à moins qu'ils ne retrouvent leurs compétences psychiques. Sans traitement médical (on vous attend au tournant M. Kirkman!), ça risque de prendre très, très longtemps."