Frankenstein délivré de Brian W. ALDISS ""Un visage d'une beauté impressionnante me fixa soudain. Puis la lucarne vola en éclats et la Créature du Baron Victor Frankenstein bondit au milieu de la pièce. Oui, son visage était beau et j'utilise ce mot à dessein pour réfuter la légende d'un hideux conglomérat de traits empruntés.
Les yeux étaient là, étincelants derrière les hautes pommettes protectrices comme à travers les fentes d'une visière. Les autres traits, la bouche, les oreilles, et surtout le nez, avaient été en quelque sorte estompés par le bistouri du chirurgien. La Créature qui me fixait maintenant avait l'air d'une machine faite au tour. Son crâne atteignait presque les poutres du plafond. Il se pencha, me saisit par le poignet et me tira vers lui comme si je n'étais qu'une poupée." Voilà la découverte que fit, le 25 août 2020, Joseph Bodenland, de New Houston, englouti dans un Glissement Temporel et brusquement projeté à Genève en 1816." |
""Qui est là? Approche, si tu hantes toujours ces lieux, être maudit!"
Peut-être avais-je fait du bruit par inadvertance. Victor me faisait face, le visage pâle et tiré. Je n'y lu aucune appréhension, aucune peur.
Je m'avançai.
"Qui êtes-vous, et que me voulez-vous? Faites-vous partie du tribunal?"
- "Monsieur Frankenstein, je m'appelle Bodenland, Joseph Bodenland. Nous nous sommes rencontrés à l'hôtel, hier. Veuillez excuser mon intrusion."
- "Si vous avez des nouvelles, je vous excuse volontiers. Le verdict a-t-il été rendu?"
- "Oui." Je m'étais ressaisi, maintenant. "Justine a été condamnée à mort. Le verdict était inévitable, étant donné votre silence."
- "Que savez-vous de mes affaires? Qui vous a envoyé ici?"
- "Je suis ici de mon propre chef. Et je sais peu de chose de vos affaires, à part la seule qui soit cruciale, et que personne d'autre ne semble connaître - le secret capital de votre vie, celui autour duquel tous vos actes gravitent."
Il me faisait toujours face, dans une attitude combative, mais, devant cette révélation, il recula d'un pas.
- "Êtes-vous un autre fantôme envoyé pour me tourmenter? Un produit de mon imagination?"
- "Vous êtes malade, mon ami! Et, parce que vous êtes malade, une femme innocente va mourir, et votre chère Elisabeth en souffrira."
- "Qui ou quoi que vous soyez, vous dites la vérité. Pauvre misérable que je suis, j'ai laissé mon foyer natal et me suis détaché de ma famille pour chercher d'étranges vérités dans des terres inexplorées. Ma responsabilité est trop grande; trop grande?..."
- "Alors, vous devez soulager votre conscience; vous devez aller trouver les syndics de Genève et leur avouer votre faute. Ils feront tout leur possible pour réparer le mal qui a été fait : le moins qu'ils puissent faire est de libérer Justine. Il est inutile de monter ici pour vous complaire dans vos péchés!"
Indécis, en proie au trouble, il se triturait les mains; puis il leva les yeux, me fixant avec colère.
"Qui êtes-vous pour m'accabler ainsi? Me complaire dans mes péchés dites-vous? Que savez-vous de mon tourment intérieur? Rendu encore plus cruel par les espoirs élevés que j'avais eus, le désir d'arracher aux mystères de la création quelques-uns de ses secrets les plus profonds, quelle que fût l'obscurité du passage qui m'y donnerait accès. Que m'importait mon propre sort? La vérité était tout pour moi! Je voulais améliorer le monde, remettre entre les mains de l'homme quelques-uns de ces pouvoirs jusque-là attribués à un Dieu imaginaire et pleurnicheur! J'ai fait ma couche dans les charniers et sur des cercueils, pour qu'un nouveau feu prométhéen pût être allumé! Quel homme a jamais accompli ce que j'ai accompli? Et vous parlez de péché!"
"Polly! Cessez de vous conduire comme un Tory dément à Calais! C'est vous l'étranger, ici, le démon de Diodati. Ayez la bonté de vous rapatrier à l'étage et de vous tirer une balle dans la tête le plus tranquillement possible en déposant votre carcasse dans un endroit où elle ne nous importunera pas!"
""Je vois pourquoi cela vous séduit. Victor Frankenstein, la future femme de Shelley, Mary Godwin, va publier un roman à votre sujet, vous utilisant comme un terrible exemple de la façon dont l'homme s'isole de la nature lorsqu'il cherche à la contrôler. Je vous préviens, renoncez à vos expériences!""
Le monstre de Frankenstein : "Je n'ai pas de vie tant que tout le monde a la main tournée contre moi. De même que je suis dépourvu d'asile, je suis dépourvu de gratitude. Mon Créateur m'a donné la vie, et le bénéfice en est que je sais blasphémer; il m'a donné des sentiments, et le bénéfice est que je connais la souffrance! Je suis Déchu! Sans amour, sans son aide, je suis Déchu."
Peut-être avais-je fait du bruit par inadvertance. Victor me faisait face, le visage pâle et tiré. Je n'y lu aucune appréhension, aucune peur.
Je m'avançai.
"Qui êtes-vous, et que me voulez-vous? Faites-vous partie du tribunal?"
- "Monsieur Frankenstein, je m'appelle Bodenland, Joseph Bodenland. Nous nous sommes rencontrés à l'hôtel, hier. Veuillez excuser mon intrusion."
- "Si vous avez des nouvelles, je vous excuse volontiers. Le verdict a-t-il été rendu?"
- "Oui." Je m'étais ressaisi, maintenant. "Justine a été condamnée à mort. Le verdict était inévitable, étant donné votre silence."
- "Que savez-vous de mes affaires? Qui vous a envoyé ici?"
- "Je suis ici de mon propre chef. Et je sais peu de chose de vos affaires, à part la seule qui soit cruciale, et que personne d'autre ne semble connaître - le secret capital de votre vie, celui autour duquel tous vos actes gravitent."
Il me faisait toujours face, dans une attitude combative, mais, devant cette révélation, il recula d'un pas.
- "Êtes-vous un autre fantôme envoyé pour me tourmenter? Un produit de mon imagination?"
- "Vous êtes malade, mon ami! Et, parce que vous êtes malade, une femme innocente va mourir, et votre chère Elisabeth en souffrira."
- "Qui ou quoi que vous soyez, vous dites la vérité. Pauvre misérable que je suis, j'ai laissé mon foyer natal et me suis détaché de ma famille pour chercher d'étranges vérités dans des terres inexplorées. Ma responsabilité est trop grande; trop grande?..."
- "Alors, vous devez soulager votre conscience; vous devez aller trouver les syndics de Genève et leur avouer votre faute. Ils feront tout leur possible pour réparer le mal qui a été fait : le moins qu'ils puissent faire est de libérer Justine. Il est inutile de monter ici pour vous complaire dans vos péchés!"
Indécis, en proie au trouble, il se triturait les mains; puis il leva les yeux, me fixant avec colère.
"Qui êtes-vous pour m'accabler ainsi? Me complaire dans mes péchés dites-vous? Que savez-vous de mon tourment intérieur? Rendu encore plus cruel par les espoirs élevés que j'avais eus, le désir d'arracher aux mystères de la création quelques-uns de ses secrets les plus profonds, quelle que fût l'obscurité du passage qui m'y donnerait accès. Que m'importait mon propre sort? La vérité était tout pour moi! Je voulais améliorer le monde, remettre entre les mains de l'homme quelques-uns de ces pouvoirs jusque-là attribués à un Dieu imaginaire et pleurnicheur! J'ai fait ma couche dans les charniers et sur des cercueils, pour qu'un nouveau feu prométhéen pût être allumé! Quel homme a jamais accompli ce que j'ai accompli? Et vous parlez de péché!"
"Polly! Cessez de vous conduire comme un Tory dément à Calais! C'est vous l'étranger, ici, le démon de Diodati. Ayez la bonté de vous rapatrier à l'étage et de vous tirer une balle dans la tête le plus tranquillement possible en déposant votre carcasse dans un endroit où elle ne nous importunera pas!"
""Je vois pourquoi cela vous séduit. Victor Frankenstein, la future femme de Shelley, Mary Godwin, va publier un roman à votre sujet, vous utilisant comme un terrible exemple de la façon dont l'homme s'isole de la nature lorsqu'il cherche à la contrôler. Je vous préviens, renoncez à vos expériences!""
Le monstre de Frankenstein : "Je n'ai pas de vie tant que tout le monde a la main tournée contre moi. De même que je suis dépourvu d'asile, je suis dépourvu de gratitude. Mon Créateur m'a donné la vie, et le bénéfice en est que je sais blasphémer; il m'a donné des sentiments, et le bénéfice est que je connais la souffrance! Je suis Déchu! Sans amour, sans son aide, je suis Déchu."
Mon avis : Gros rappel ou pour ceux qui ne le savent pas : Frankenstein est LE CRÉATEUR du monstre et non le monstre lui-même. Tout le monde a déjà entendu parler du roman "Frankenstein ou le Prométhée moderne" (écrit en 1816 par Mary Shelley en photo sur cette page), mais peu savent que Victor Frankenstein est celui qui a créé le monstre, ou la Créature (mais oui bien sûr!!! La Créature de Victor Frankenstein!!!!).
Pour faire court, car, si je m'écoute tu aurais droit au livre entier en extrait, j'ai décidé de relire "Frankenstein délivré" (1973 année de publication) car je suis fan du perso de Frankenstein, de sa créature, du roman, de tout ce qui s'y rapporte, comme les romans "Les carnets de Frankenstein "ou "Les mémoires d'Elisabeth Frankenstein"... et, bien sûr, de Mary Shelley.
- le côté folie de Frankenstein, son désir de mettre en avant ses connaissances de la sciences en créant un monstre, qui finalement, le mènera à sa perte
- magnifique / Poétique / philosophique (les extraits parlent d'eux-mêmes) / scientifique / religieux (F. se prend pour Dieu?) / question sur la condition humaine à deux époques différentes
Ce Joseph Bodenland, le narrateur, relate son expérience de "voyage" dans le temps (réfère toi au résumé en haut). Il rencontre Victor Frankenstein, oui! il rencontre un perso de fiction ou légendaire. Aldiss en fait un perso réel et c'est là que le roman est intéressant, excellent! Joseph, pour essayer de réparer l'erreur de F., va à la rencontre de Mary Shelley elle-même pour la convaincre de changer son histoire (la créature a tué une innocente). Pas mal du tout!
Franchement, que ce soit le roman "Frankenstein ou le Prométhée moderne" ou "Frankenstein délivré", le style science-fiction mérite qu'on s'y intéresse, ne serait-ce que pour la popularité de l’œuvre et de son auteur. "Frankenstein délivré" est clairement un roman pour les fans du genre.
En tant que fan, je me dois de te conseiller "Frankenstein" aux Editions Etonnants Classiques pour en découvrir plus sur l’œuvre et son auteur. On peut y trouver des extraits de l’œuvre, la présentation du roman et son auteur, la chronologie de la vie de Mary Shelley, des photos, des jeux...
Ma note : 20/20
Pour faire court, car, si je m'écoute tu aurais droit au livre entier en extrait, j'ai décidé de relire "Frankenstein délivré" (1973 année de publication) car je suis fan du perso de Frankenstein, de sa créature, du roman, de tout ce qui s'y rapporte, comme les romans "Les carnets de Frankenstein "ou "Les mémoires d'Elisabeth Frankenstein"... et, bien sûr, de Mary Shelley.
- le côté folie de Frankenstein, son désir de mettre en avant ses connaissances de la sciences en créant un monstre, qui finalement, le mènera à sa perte
- magnifique / Poétique / philosophique (les extraits parlent d'eux-mêmes) / scientifique / religieux (F. se prend pour Dieu?) / question sur la condition humaine à deux époques différentes
Ce Joseph Bodenland, le narrateur, relate son expérience de "voyage" dans le temps (réfère toi au résumé en haut). Il rencontre Victor Frankenstein, oui! il rencontre un perso de fiction ou légendaire. Aldiss en fait un perso réel et c'est là que le roman est intéressant, excellent! Joseph, pour essayer de réparer l'erreur de F., va à la rencontre de Mary Shelley elle-même pour la convaincre de changer son histoire (la créature a tué une innocente). Pas mal du tout!
Franchement, que ce soit le roman "Frankenstein ou le Prométhée moderne" ou "Frankenstein délivré", le style science-fiction mérite qu'on s'y intéresse, ne serait-ce que pour la popularité de l’œuvre et de son auteur. "Frankenstein délivré" est clairement un roman pour les fans du genre.
En tant que fan, je me dois de te conseiller "Frankenstein" aux Editions Etonnants Classiques pour en découvrir plus sur l’œuvre et son auteur. On peut y trouver des extraits de l’œuvre, la présentation du roman et son auteur, la chronologie de la vie de Mary Shelley, des photos, des jeux...
Ma note : 20/20